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Le Batuque
11/06/2005 15:18
Tout comme la cola dont il serait un dérivé, le batuque est une musique des champs et des campagnes, celle qui animait les rassemblements familiaux ou religieux, celle qui faisait peur aux autorités coloniales à tel point qu'ils l'interdirent, sans grande efficacité. L'une des particularités de cette musique est que, traditionnellement, elle est jouée par des femmes: certaines se nouent un tissu autour de la taille et dansent au milieu d'autres, assises, tapant la mesure sur un paquet de tissus coincé entre les cuisses (puisque les maîtres blancs avaient interdit les tambours, et, plus généralement, tout ce qui pouvait rappeler l'Afrique).
Parmi les danseuses, une femme chante accompagnée du choeur des femmes assises. Comme s'il s'agissait d'une prophétesse inspirée par Dieu, l'assistance peut écouter ses improvisations pendant plusieurs heures sur les faits marquants de la vie agricole, donner des conseils sur la vie amoureuse ou sexuelle, ou entamer des concours de poésie avec ses concurrentes (c'est le finaçon). Peu enclin à tolérer ces incantations et ces comportements trop érotiques, l'Eglise fit pression pour faire interdire le finaçon. En 1866, l'administration interdit le batuque, qui "fait offense à la morale, à l'ordre et à la tranquillité publique, et qui s'oppose à la civilisation".
Parmi ces femmes, Nacia Gomi est au batuque ce que Césaria est à la morna: elle aussi a obtenu une reconnaissance du pays sous la forme d'un passeport diplomatique délivré par le gouvernement capverdien (à l'issue de la cérémonie, elle déclara qu'elle était contente de l'honneur qu'on lui faisait, en ajoutant qu'elle avait faim, après quoi le gouvernement lui alloua une pension). N´Toni Denti d´Oro (un homme, une exception) et Nha Mita Pereira sont d'autres noms associés au batuque.
Après l'indépendance, dans les années 80, un homme s'est tout particulièrement intéressé au batuque, en le jouant à la guitare et en créant des thèmes inédits. Orlando Pantera reste un mythe dans la jeunesse de Santiago, mythe renforcé en 2001 avec la mort soudaine du mentor du nouveau batuque, à quelques jours de l'enregistrement de son premier album.
Depuis, on peut assister à l'apparition d'une génération de jeunes musiciens de Santiago (Tcheka, Princezito et surtout Vadu) qui suivent le sillon tracé par Pantera en chantant, en jouant un batuque qu'ils font eux aussi évoluer chacun à leur manière. Quant à Lura, délaissant les accents pop et soul de ses anciens albums, elle a de bien belle manière repris en 2004 quelques morceaux du maître, ce qui lui a valu un beau succès.
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Le Funana
11/06/2005 15:25
Au début du 20ème siècle sur l'île de Santiago, le funana cristallisait toutes les hantises du colon portugais, déjà bien échaudé par le batuque, jugez plutôt: les paysans s'étaient appropriés les accordéons apportés par l'Eglise (essayez d'amener de grandes orgues dans l'intérieur de Santiago) pour inventer une musique minimaliste et rapide, sur laquelle les couples se trémoussaient d'une manière plus que subjective, des bagarres ou des assassinats ponctuaient régulièrement les bals. Du punk rural, de la musique de sauvages, voilà ce que les gouverneurs portugais devaient combattre.Peine perdue.
Le funana traditionnel se joue à l'accordéon, il est rythmé par le frottement d'un couteau sur une barre de fer. Le grand compositeur et interprète est Codé di Dona (ou Kodé di Dona), un vieux garde-forestier de Santiago presque totalement inconnu jusqu'à l'indépendance.
Quelques années plus tard, un jeune émigrant de retour au pays se prend de passion pour le funana et cherche à lui donner un son plus actuel, plus conforme aux aspirations électriques de la jeunesse de la capitale. Carlos Alberto Martins, dit Katchass, crée le groupe Bulimundo et adapte le funana au synthétiseur, à la batterie et à la guitare électrique. Le succès est rapide sur Santiago, puis, dans une moindre mesure, sur les autres îles et dans les communautés capverdiennes à l'étranger. Le groupe se scinde, donnant naissance à Finaçon, groupe mené par les frères Zézé et Zeca di nha Reinalda, aux aspirations plus commerciales (il décrochera avec "Teia" un tube de l'été dans quelques pays européens, ce qu'on lui pardonne à l'écoute de la merveilleuse adaptation de Fomi 47 de Kodé di Dona). En 1988, Katchass meurt brutalement à l'âge de 36 ans: le funana électrique est solidement ancré, se payant même le luxe de proposer plusieurs versions, funana rapide ou lent, funana samba, funana-coladeira, etc. Jadis isolé dans les montagnes et les campagnes de l'île, méprisé par les élites, le funana a obtenu son droit d'entrée dans les discothèques prisées de Praia.
C'en est trop pour trois jeunes de Santiago, qui replongent dans les racines du funana en réhabilitant l'accordéon et la barre de fer, tout en gardant une amplification électrique. L'accueil réservé en 1997 à leur premier album, Fundu Baxu, propulse le groupe Ferro Gaita sur les planches de la scène nationale et internationale. Dans un pays en pleine mutation politique et économique, Ferro Gaita a réussi le tour de force d'imposer un retour à un son plus proche du funana traditionnel, en se permettant quelques digressions vers la tabanka (en intégrant un joueur de buzio / lambis) et le batuque (en invitant Nacia Gomi en concert ou au studio d'enregistrement).
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Le Criolo
11/06/2005 15:56
Le créole est une dénomination générale pour les langues issues de la cohabitation entre des populations esclaves et leurs marchands ou leurs "maîtres".
Ce sont eux, marchands ou maîtres, qui ont imposé leur langue à des individus qui, peu à peu, se la sont appropriée, créant au fil des siècles des langages correspondant à leurs situations et à leurs besoins.
Le créole est la langue d'hommes et de femmes que l'on commande. On s'exprime avec eux principalement par des ordres sans prendre de précautions de langage, et sans veiller à ce qu'ils acquièrent les structures des langues de leurs exploitants.
Une des particularités du Cap Vert réside dans le fait que marchands et esclaves sont arrivés simultanément sur une terre inhabitée. On ne rencontre donc d'aucune part de prédominance ni ethnique ou raciale notoire, ni linguistique. L'origine des esclaves était volontairement diversifiée par les marchands, souhaitant ainsi briser toute velléité d'union pouvant mener à une rébellion ou une révolte. Familles et ethnies étaient volontairement séparées.
La conjugaison des verbes se réduit pratiquement à une forme unique. On ne sera pas étonné de constater que cette forme est proche de l'impératif singulier en portugais, temps de l'injonction ou de l'ordre.
Il va de soi que le créole, chargé de culture autant que toutes les autres langues du monde, est une langue essentiellement orale, qui, pour des raisons historiques et politiques, ne fait que flirter avec l'écrit. Il n'existe donc pas d'orthographe arrêtée du créole.
La langue officielle du Cap Vert est le portugais. C'est lui qui est utilisé dans les écoles, les lycées, les administrations, à la télévision ou à la radio, du moins en théorie. Le portugais est sans aucun doute la langue de l'écrit, mais il faut reconnaître que la communication orale se fait la plupart du temps en créole.
La reconnaissance du créole comme langue officielle est un véritable débat national, dans lequel nous nous garderons bien de prendre position. Il faut bien admettre que, même dans un pays de 400 000 habitants, il n'existe pas un, mais des créoles. Un habitant de Mindelo comprend difficilement un habitant de Santiago, surtout si celui-ci vient de l'intérieur de l'île, Assomada ou Santa Catarina par exemple. Officialiser l'usage du créole passerait obligatoirement par le choix d'un créole par rapport aux autres, et par conséquence comporterait un risque de marginalisation des autres variantes du créole capverdien. Le fait que le Cap Vert soit un archipel a accentué avec le temps l'isolement des populations de chacune des îles et, même si l'on classe les créoles du Cap Vert en deux grands groupes, ceux des îles "au vent" et ceux des îles "sous le vent", on constatera que même deux îles très proches telles que Santo Antão et São Vicente ont des créoles différents.
Le créole de São Vicente est, nous semble-t-il, le plus facilement abordable pour un européen. L'histoire de cette île, la dernière peuplée du Cap Vert, fait de sa langue la plus "jeune" mais aussi la plus cosmopolite du pays. Le peuplement s'est fait à partir des autres îles les plus proches, principalement Santo Antão et São Nicolau à l'époque où le port de Mindelo connaissait son heure de gloire grâce aux navires à vapeurs qui traversaient l'Atlantique et qui y faisaient escale pour remplir leurs cales de charbon. Le fait que ce marché du charbon ait été pris en charge par des Anglais a eu une influence certaine sur la langue.
On rencontre ainsi des mots anglais à peine modifiés et spécifiques au créole de São Vicente. On trouve également quelques rares expressions issues du français, celles-ci proviennent en fait plutôt du créole de Santo Antão. D'aucuns aiment à y voir la trace d'une présence française sur cette île mais rien ne l'atteste.
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Le Métissage
12/06/2005 16:21
La population cap verdienne est de 336 798 habitants dont environs 80% de métis, 17% de noirs et 3 % de blancs. Métis blond aux yeux foncés ,mulâtresses aux long cheveux bouclés et yeux clairs ... ainsi se caractérisent les habitants de cet archipel où règne la variété autant dans son paysage que dans sa communauté
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Le Carnaval
12/06/2005 18:00
Le Carnaval cap verdien coïncide en date avec le Carnaval brésilien, généralement en février .
C’est encore dans l’île de S. Vicente que le Carnaval rayonne par son éclat et son imaginaire artistique. Figure de proue des fêtes populaires mobiles, le Carnaval de Mindelo est un ex-libris de la culture cap-verdienne. La Mairie de S. Vicente le ministère de la Culture soutiennent les groupes organisés et officiellement inscrits pour le défilé, mettant à disposition un fond pour l’attribution des prix de qualification.
Le dernier samedi avant le mardi-gras, un groupe nommé « Samba Tropical », réunissant des batifoleurs de toutes les classes sociales et de tous âges (des mamies aux petits-enfants), entame son défilé, dans un véritable festival de lumières, de couleurs, de « batoucada », et de chorégraphie. La fête, contagieuse, gagne les esprits dans une ville en effervescence. Le défilé se termine par un grand bal, le dernier avant le mardi-gras. Finalement on arrive au jour J. Les curieux et les joyeux lurons déferlant des banlieues vers le centre ville animé d’acrobatie, de pirouettes, de figures bizarres et de scènes hilares. Chacun donne libre cours à ses fantaisies et à ses bizarreries les plus inouïes, dans une exubérante plaisanterie générale. On envoie des pics et des messages codés aux politiciens, au gouvernement. On ressuscite des bagnoles d’un autre âge, des ânes et d’autres animaux défilent habillés à la traîne de leurs maîtres, sans rien comprendre à la folie des humains.
Ce sont surtout les chars, la beauté et les costumes des « reines » (actuellement aussi des rois) qui attirent le plus l’attention des fêtards. La reine « Carnaval de l’année » est un honneur assez convoité par les plus belles filles de l’île. La soirée se termine par des bals dans le siège de chaque groupe ayant participé au défilé. Pour éviter de gâcher la fête au dernier moment (comme ce fut souvent le cas par le passé), l’annonce des résultats est renvoyé au lendemain, devant être proclamés en place publique. S’ensuivent les larmes de joie des vainqueurs et de tristesse des perdants.
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